Prendre la porte
- Manon OTT
- 4 mai 2021
- 2 min de lecture

Le 4 mai 2019 je prenais la porte. Je sortais clairement d'un monde pour entrer dans un autre.
Les souvenirs qu'il me reste de cette journée et des jours l'ayant précédée sont, de façon effrayante gravés. Il m'arrive de fermer les yeux et de m'y retrouver.
Allez savoir pourquoi il m'aura fallu deux ans pour vous parler de " La Feria de Abril " de Séville. Car il ne m'aura fallu que quelques instants pour l'aimer et quelques instants pour la regretter une fois terminée.
J'ai peur de la foule. J'angoisse pour ceux et celles qui ne dépasse pas le mètre 60 dans les grands rassemblements et m'estime heureuse de faire deux têtes de plus et de pouvoir respirer, mais je n'aime pas la foule.
La " Feria " démarre le samedi soir à minuit pour se terminer le dimanche suivant. Huit jours d'effervescence. Huit jours de mouvements, de rire, de danse, de chants, rythmés par une chaleur étouffante mais à la fois réconfortante. Si tout débute au moment où tout s'illumine dans la nuit noire de minuit, la fête commence bien avant dans les rues de Séville.
Les rues étroites de la ville, à peine reposées de la semaine Sainte, revêtent leurs " traer ". Leurs couleurs s'intensifient et le coeur de l'Andalousie se met à battre au rythme de son peuple qui tachycarde.
Il se prépare. Lui au aussi. Pour un voyage dans le temps.
Y étais-je préparée ? Certainement pas. J'ai naïvement, ce soir du samedi 4 mai 2019, franchi les portes d'un autre monde. Où calèches transportent, sur le sable chaud, entre les " casetas " colorées, les sévillans apprêtés. Des robes à n'en plus finir, une multitude de tissus, de lignes, de perspectives. Des fleurs dans les cheveux, des châles sur les épaules, du mouvement partout.
Ma peur de la foule s'est-elle envolée ce soir là ? Disparue, ma vue obstruée par l'inconnu, l'imprévu, l'inimaginable. On m'avait dit " tu verras ", j'ai vu. Parce que j'ai regardé. Fascinée, je suis retournée pendant ces huit jours, observer les gens chanter, danser, boire, manger, rire. Le bonheur.
Une parenthèse enchantée où le temps s'est arrêté.
Une ville transformée, ensevelie par la "feria " qui, de l'autre côté de fleuve, résonne sur tout Séville. Pas une ruelle n'est épargnée. Les belles robes et les costumes se promènent partout. Les calèches remplacent les voitures. Le silence des moteurs à l'arrêt est remplacé par l'écho de " Los Remedios ".
Il est 23h59 .... les lumières s'allument, que la magie commence par delà la " Puerta Del Principe ".
(Après une semaine, la fatigue ne se fait toujours pas ressentir, mais il est temps de fermer les portes, des portes qui, depuis ce mois de mai 2019 n'ont pas été rouvertes ... )
Ps: " Enamorarse nunca fue un opción "
Et alors ce texte là !!! 🤩 XXL